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— Que fais-tu donc à trottiner ainsi, en chantant ? lui demanda Véra, quelques jours après leur retour, se trouvant tout d’un coup face à face avec sa filleule.

— J’admire, je trouve tout si joli, marraine. Il me semble qu’avant d’aller à la campagne je me suis trouvée trop éblouie par ce luxe pour le bien comprendre. Mais mon éducation se fait peu à peu, et je commence à bien voir que l’arrangement d’une maison comme la vôtre est une œuvre d’artiste.

— Bah ! on commande le goût comme on commande les robes : le tout est d’y mettre le prix.

— C’est une belle chose que d’être très riche…, dit Marca d’un air convaincu et sérieuse, qui fit sourire sa marraine.

— Tu trouves ? Tu ne voudrais donc pas, pour ta part, redevenir une petite Cendrillon en haillons ? Elle disait cela le sourire aux lèvres, ce sourire à moitié cruel, que Marca connaissait bien.

La jeune fille se sentit frissonner.

— Oh, marraine ! fit-elle toute pâle.

— Enfant !… Est-ce que je ne travaille pas à ton bonheur ? Tant que tu rempliras bien le rôle que je t’ai tracé, tu n’as rien à craindre.

Elle était assise maintenant, et Véra n’occupait jamais un siège sans avoir l’air de trôner ; elle avait l’allure d’une reine, et l’on cherchait d’ins-