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et des yeux. Elle vieillissait, et la jeunesse de Marca l’irritait.

Elle en avait assez de cette vie entourée et bruyante : elle la ferait bientôt cesser. Appuyant son front contre la vitre, elle se laissa aller à un rêve. Dans quelques mois elle ferait célébrer les deux mariages, celui de Laure et celui de Marca, qui épouserait Maxime ; elle se montrerait généreuse, très généreuse… Que lui importait cet argent ? Elle en avait plus qu’elle n’en pouvait dépenser ! Et alors, sous un prétexte quelconque, elle s’en irait loin, là où elle pourrait être vraiment seule avec Ivan. Elle ferma les yeux pour mieux voir ce paradis où le soleil les caresserait, où la verdure éternelle ferait valoir une mer bien bleue sous un soleil bien pur. Ivan était dépaysé parmi ces gens frivoles, si peu faits pour le comprendre ; elle avait eu tort de chercher à l’attirer au milieu d’eux. Elle n’y avait rien gagné ; au contraire.

Puis, tout d’un coup, elle se rappela un livre qu’elle avait lu, il y avait bien longtemps, un petit livre merveilleux, une étude cruellement vraie et triste, où l’auteur racontait l’histoire de deux amants dont l’amour s’était usé, et qui ne savaient comment se l’avouer ; ils étaient sans cesse repris par leur passion, qui, tout aussitôt, les fatiguait, les irritait. Ce livre, elle se le rappelait maintenant, s’appelait Adolphe ; elle l’avait à peu près oublié ;