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voir était de protéger, de sauver la femme qu’il voulait pour sa femme. Marca croyait encore aimer son cousin ; mais un amour qui ne peut s’appuyer sur l’estime et la confiance est un amour dont les heures sont comptées. Il s’efforcerait de lui ouvrir les yeux ; il était résolu de tout faire pour supplanter ce rival indigne, et cela sans le moindre scrupule. Il ferait plus : lui, la loyauté en personne, lui qui était si peu acteur, il cacherait ses projets, il chercherait à endormir tous les soupçons de la baronne, lui mentirait au besoin — car à la première alarme le mariage serait brusqué, et Marca perdue pour toujours. Pour se faire aimer d’elle, il fallait pouvoir l’approcher à toute heure, rester l’intime de la maison. Il hasarda un regard vers un miroir, et se trouva si laid, si disgracieux, qu’il eut un moment de désespoir ; une jeune fille est si facilement attirée par la beauté et la jeunesse ! Ce n’est que plus tard que les qualités du cœur, que le prestige du talent prennent leur vraie importance aux yeux d’une femme…

Tout ceci passa dans l’esprit du peintre avec la rapidité de l’éclair ; les applaudissements se mouraient à peine, que déjà il avait complètement retrouvé son sang-froid. Il se fit un mouvement général ; les groupes se dispersèrent pour se réformer ensuite ; Marca, cherchant à obéir à sa marraine, allait et venait, et faisait de son mieux pour paraî-