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qui séparait le salon en deux, pour les besoins de la représentation ; elle distinguait très clairement dans ce bruit la voix de Maxime et celle de madame de Vignon. Tout en écoutant, Marca se demandait s’il ne valait pas mieux en effet s’appliquer à n’être rien que frivole et souriante. Sa marraine l’y poussait par ses sarcasmes ; Maxime lui reviendrait vite sans doute, si elle voulait bien jeter au vent ses sentiments exaltés, comme il les appelait…

L’amour, chez toute jeune fille honnête et saine d’esprit, la pousse vers les choses élevées et héroïques ; elle voudrait voir en celui qu’elle aime un être supérieur capable de la guider et qu’elle puisse vénérer. En venir à s’avouer que pour plaire à celui qu’elle a choisi, il faut au contraire chercher à s’amoindrir, est bien cruel.

— J’ai envie de pleurer, répétait-elle à toutes les petites consolations essayées par son amie Claire.

— N’en fais rien, chérie. Voilà tante Véra qui rentre… Tiens ! elle donne le bras à M. Nariskine… Il est donc de retour, le grand homme ? il est plus laid que jamais, brûlé par le soleil ; ce que c’est pourtant que d’avoir un nom connu ! Tante Véra, qui traite parfois de haut les ducs et les princes, rayonne maintenant en nous ramenant son peintre de génie… Est-il assez gauche ?… Regarde donc !