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— J’ai envie de pleurer.

— Mais pourquoi ?

— Sais-tu ce que ma marraine vient de me dire, en passant à côté de moi tout à l’heure ?

— Mais rien de bien terrible, je pense ; car elle souriait en le disant.

— J’ai peur de son sourire, Claire, plus peur que de sa colère. Elle m’a dit : « Ton rôle est d’être jeune et gaie, de rire, de mettre de l’entrain dans ma maison : c’est pour cela que tu y es. Tâche de remplir ce rôle un peu mieux que tu ne l’as fait depuis quelque temps ; je suis mécontente de toi : je ne veux pas de jeunesse languissante, d’âme incomprise auprès de moi. Réfléchis et tâche de comprendre. » Je n’ai pu m’empêcher de m’écrier : « Je souffre, marraine, je souffre !… » Mais elle n’a pas voulu entendre ; car, souriant toujours, elle me quitta en me jetant un regard froid, que je n’oublierai jamais. Dis, Claire, ne m’aime-t-elle donc pas ? Une mère au moins aurait écouté, aurait répondu…

Claire réfléchit, cherchant une consolation à donner, en bonne petite fille qu’elle était.

— C’est sa façon d’être, je suppose. Il est certain qu’elle t’aime, puisqu’elle te donne tant de belles choses et qu’elle veut que tu épouses Maxime.

En ce moment Marca écoutait avec une intensité pénible un bruit de voix derrière le grand rideau