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gênante, comme celle qu’il était lui-même capable d’accorder. Elle était encore trop naïve pour savoir bien cacher ses tourments, et Maxime ne trouvait plus sa petite cousine aussi amusante qu’autrefois.

Il lui en voulait un peu et se consolait d’autant mieux de voir qu’on ne s’occupait pas encore du mariage ; il passait beaucoup de son temps à badiner avec les jeunes femmes inoccupées qui remplissaient le château de leur caquetage. Madame de Vignon, malgré ses trente ans sonnés depuis assez longtemps, se laissait faire la cour sans trop de pruderie, ce qui ne l’empêchait pas, du reste, de surveiller activement son mari ; elle trouvait Maxime « très gentil ». Elle se vengeait ainsi de Marca, pour qui le comte montrait une préférence marquée.

Un soir on jouait des charades au salon ; Marca s’était récusée comme actrice, en prétextant une forte migraine. En effet elle était très pâle ; assise un peu à l’écart, cherchant presque à se dissimuler dans les draperies d’une fenêtre, elle semblait avoir perdu sa jeunesse, sa gaieté, sa beauté même ; car elle était surtout jolie à force d’expression, de couleur, de fraîcheur.

— Qu’as-tu ce soir, Marca ? lui dit Claire, très câline, se mettant auprès d’elle et lui prenant la main.