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l’écœurement d’une passion usée, le désir d’une vie simple, honnête, ouverte à tous les regards, l’adoration de la pureté et de l’innocence ; il ne se cachait plus que son amour insensé pour Véra devenait une aversion d’autant plus profonde que son adoration avait été excessive.

Il se sentait bien petit, bien faible au milieu de ces déchirements… Ah ! si Marca l’avait aimé !… Et des yeux il dévorait chaque geste, chaque mouvement de tête de la jeune fille ; il devinait chaque battement de ce cœur d’enfant qui se donnait si naïvement, si fatalement à un homme que lui croyait incapable de l’apprécier. Il la revoyait rapportée par Maxime ; il était si naturel qu’elle aimât son jeune et beau sauveur ! Après tout, il était peut-être injuste pour ce jeune homme ; l’amour opère souvent des prodiges, et, certes, en ce moment, Maxime semblait capable d’aimer. Alors que faisait-il, lui, auprès d’eux ? Il fallait partir ; il se répétait cela, comme il l’avait déjà fait pendant une longue et cruelle nuit ; cette nuit où, pour la première fois il avait regardé la vérité en face ; seulement maintenant il était bien décidé. Ce ne fut cependant que plusieurs heures plus tard qu’il écrivit son billet, et que lentement, péniblement, il se dirigea vers la station et prit le dernier train du soir.