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leur froideur. Elle fit part de la nouvelle aux personnes qui se trouvaient à ses côtés : on en parla quelques minutes, mais Ivan, malgré son éclatant succès comme peintre, n’était pas un hôte très nécessaire au bonheur de la maisonnée ; il était taciturne et souvent brusque. Son départ ne troubla donc en aucune façon toutes ces personnes, qui ne se demandaient les unes aux autres qu’un peu d’amusement.

Véra, rentrée dans sa chambre, examina longuement ce billet ; elle vit que l’écriture était encore plus saccadée et nerveuse que d’habitude ; elle passa en revue tous les petits incidents de ces dernières semaines, et son front se plissa d’une façon menaçante. Alors elle se mit à écrire une longue lettre à Ivan, une lettre passionnée, une de ces lettres auxquelles il faut répondre par des protestations d’amour ou ne pas répondre du tout ; la lettre finie, elle se coucha, calmée ; elle attendrait.

Ivan, à la tombée du soir, de loin, avait observé le joli groupe d’amoureux que formaient Maxime et Marca ; il avait suivi leurs gestes, compris leurs aveux. Cette heure avait été pour lui une heure de torture atroce. Il se demandait comment il se faisait qu’il se fût laissé aller à aimer cette enfant, qui se souciait si peu de lui ; il se mit à analyser avec une lucidité cruelle les motifs qui avaient agi sur lui :