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sir de faire ta cour — seulement mets-y de la discrétion. Tu peux répéter tout ceci à Marca : dis-lui qu’elle n’a pas à me parler de la chose ; tout est convenu ; elle sait que je n’aime pas les scènes ; les attendrissements et les extases d’une petite fille comme elle me fatigueraient…

On apporta à la baronne une lettre, qu’elle ouvrit en pâlissant un peu. Elle avait reconnu l’écriture d’Ivan. On ne l’avait pas vu au dîner ; mais personne ne s’étonnait des allures un peu excentriques du peintre : il allait et venait ; un jour restant du matin au soir avec le reste de la société, faisant poser ses modèles, le lendemain bouclant ses guêtres et partant, album en poche, à la recherche de « motifs » campagnards, ne reparaissant souvent que vingt-quatre heures plus tard ; on ne faisait plus aucune attention à ses caprices d’artiste en vacances.

Le billet d’Ivan était fort court : il se disait souffrant depuis quelque temps ; il craignait un commencement de maladie du cœur, qui, du reste était dans sa famille une maladie toujours menaçante : il désirait consulter un spécialiste de Paris, et promettait de revenir sous peu de jours, à moins que le médecin ne l’envoyât ailleurs. Le ton de ces quelques phrases était très calme : elles avaient été écrites évidemment pour les yeux de n’importe qui, de façon que Véra n’eût pas à s’inquiéter de