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légèrement : il devait savoir, lui, qui était un homme — et elle se laissait aller au bonheur d’aimer.

Maxime reprit bien plus vite que sa fiancée le ton des causeries banales et des plaisanteries faciles. Il était un peu étonné d’avoir été si ému : étonné, mais content : il se sentait beaucoup plus d’estime pour lui-même que d’ordinaire. Après tout, l’amour d’une jeune fille très innocente, très naïve, possède une saveur étrange et douce ; il se jurait bien de la rendre heureuse, d’être un mari modèle. Aussitôt qu’il le put, il emmena sa tante dans un coin et lui raconta loyalement ce qui s’était passé. Véra l’écouta avec son petit sourire énigmatique, et quand il lui demanda son approbation, elle lui dit :

— Si je suis contente ? mais oui ; c’est bien ce que j’avais décidé il y a longtemps. Vous faites un petit roman de ces arrangements de famille, et vous faites bien puisque cela vous amuse tous deux. Mais tu es trop pressé, mon beau Maxime. Il ne me convient pas de vous marier ainsi tout de suite, et comme je ne veux pas de longues fiançailles, il est inutile de mettre tout le monde dans votre secret. Je parlerai à ton père quand le moment sera venu ; mais il y a encore à raisonner ta mère qui s’opposera à ce mariage. Laisse-moi le soin de la ramener. Tu n’aimes guère les complications ; laisse-moi le travail, je te laisse le plai-