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dis-moi la vérité ! Il y a des secrets terribles dans les familles quelquefois… Mon père a-t-il commis quelque crime, quelque action honteuse, que jamais on ne m’a parlé de lui, que j’ignore jusqu’à son nom ? Je ne sais qu’une chose : ma mère avait seize ans quand elle est morte… à cet âge on ne sait pas ce qu’est le mal, n’est-ce pas ? Ma pauvre petite maman ! Je t’en prie, Maxime, réponds-moi, je te jure qu’il faut que je sache tout avant de pouvoir te dire : « Prends-moi, je suis ta femme. »

— Ma petite amie, calme-toi. Je ne puis te répondre. Tu es la fille adoptive de la baronne Véra, cela suffit ; si l’on veut en savoir plus long, qu’on vienne le demander à ton mari. On peut maintenant te chicaner sur ton nom de Marca de Schneefeld ; dans quelques mois ce nom sera le tien devant Dieu et devant les hommes : que cela te suffise…

— Mais cela ne me suffit pas, Maxime…

Il lui ferma la bouche de sa main en souriant. On les appelait de nouveau ; il fallut bien se résigner à retourner au milieu de toute la famille, prendre part aux conversations, chercher à parler d’un ton de voix naturel, comme si rien d’extraordinaire n’était arrivé. Pour Marca c’était la vie réelle qui était le rêve, où elle agissait machinalement ; ce qui était vrai, c’était que Maxime l’aimait et qu’elle serait bientôt sa femme. Il traitait ses scrupules