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Dites, pourquoi me déteste-t-elle ? Que lui ai-je fait ?…

Maxime eut un mouvement d’impatience. En effet il y aurait là une lutte, et il n’aimait pas la lutte. Il était fort doux de faire la cour à une jolie fille qui l’adorait, si doux que vraiment tout le monde aurait bien dû le laisser faire sans mettre des pierres dans son chemin ; il avait les pieds délicats, et n’aimait pas à les blesser. Il chercha à traiter la chose légèrement.

— Bah ! cela passera : ma mère est un peu jalouse pour ses filles ; mais quand tu seras sa fille, toi aussi, elle ne verra que tes qualités ; on aime et on apprécie surtout ce qui est à soi.

— Maxime… dis-moi, — Marca se laissait aller au tutoiement tout naturellement — elle me reproche ma naissance ; tu dois savoir qui je suis, d’où je sors… dis-le-moi ; on me l’a toujours caché, on me le cache encore ; mais j’ai le droit de tout savoir maintenant. Écoute, je t’ai laissé deviner, trop facilement peut-être, mon amour pour toi ; je t’aime, Maxime, je t’aime de toutes les forces de mon être. Mon cœur n’a jamais battu, ne battra jamais que pour toi. Mais, écoute bien ce que je te dis : jamais, jamais je ne serai ta femme, si je ne puis entrer dans ta famille la tête haute, si les tiens ne m’accueillent pas comme la femme du fils unique doit être accueillie. Ah ! je t’en prie,