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Vois-tu, je tenais encore bêtement à ce que j’appelais ma liberté ; je me disais que ce serait bon de t’avoir pour femme, mais plus tard… ça ne pressait pas ; à la fin d’un roman vient le mariage, mais au dernier chapitre seulement. Je te dis tout cela maintenant, ma chérie, parce que, depuis que je t’ai saisie déjà froide et à moitié morte, quand je t’ai sentie dans mes bras, il s’est fait en moi un grand changement ; puisque je t’avais sauvée, tu m’appartenais, tu devenais mon bien. C’est de ce moment que je t’aime ; et je ne demande plus qu’une chose : devenir ton mari, t’a voir bien à moi pour toujours, pour toujours… Tu le veux bien, dis ?

— Oui, Maxime, je le veux bien…

Elle murmurait cela très bas.

— Puis, quand nous serons mariés, nous nous en irons bien seuls, la main dans la main, le long de cette belle rivière, qui nous parlera sans cesse du jour où elle te jeta dans mes bras.

Ils avaient oublié le monde entier, ils ne connaissaient plus qu’une chose : leur amour. Le crépuscule tombait doucement, et un bruit de causeries et de rires venait de la maison. La voix aigre de la baronne Amélie appela « Maxime ! » La jeune fille tressaillit, rappelée à la réalité, brusquement. Elle devint très pâle, et, regardant son fiancé dans les yeux maintenant, elle dit rapidement :

— Elle ne voudra pas de moi, elle, votre mère