mais au fond, nous nous laissions faire, parce que nous nous sentions attirés l’un vers l’autre… Pourquoi détourner les yeux, petite cousine adorée ? Avons-nous à rougir ? Qu’y a-t-il de mal à laisser le monde tout entier voir que nous nous aimons, que nous demandons qu’on nous marie le plus tôt possible, et que nous comptons bien nous donner, l’un à l’autre, un bonheur de tous les instants… Je ne suis pas poète, moi ; je ne sais que dire tout bonnement ce que je sens, et en ce moment, vois-tu, Marca, ce que je sens, c’est une tendresse infinie, un bonheur étrange de me savoir aimé… Il y a pourtant un doute qui me tourmente, un doute de moi-même. Je me dis tout bas que je ne suis pas digne de toi.
— Oh ! Maxime !… fit la jeune fille, se tournant enfin vers son cousin, et tout aussitôt baissant les yeux de nouveau, ne trouvant rien de plus à dire.
Cela suffisait pourtant. Il y eut un silence de quelques minutes ; sa main tremblait dans celle de Maxime ; elle était heureuse, d’un bonheur exquis. Bientôt Maxime se remit à parler à voix basse, penché vers elle, cherchant en vain à lui faire lever les yeux :
— J’aimerai toujours la rivière, ma petite Marca, cette rivière qui semblait féroce, et qui pourtant t’a jetée dans mes bras. Avant cela je devinais bien que tu m’étais chère ; mais je n’en étais pas sûr.