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vouement — et à lui entendre dire : « Ma petite femme, tu me rends la vie bien douce. » On traverserait la vie ainsi, la main dans la main, fier de l’amour qu’on ressent et de celui qu’on inspire, et trop au-dessus des orages pour les craindre.

Sa voix tremblait un peu, s’adoucissant, se mourant dans un murmure que Maxime se baissait pour entendre. Il avait pris la main de Marca et la gardait ; il semblait écouter l’écho de cette voix qui se taisait maintenant. Le silence ne les embarrassait pas, il leur était fort doux, au contraire, car ils se comprenaient. Maxime était, en ce moment, bien loin de songer à aucun calcul d’intérêt : il se sentait doucement envahi par un sentiment que jusqu’alors il n’avait fait qu’entrevoir. Au fond de son cœur, il se jurait bien de rendre heureuse cette enfant qui lui livrait si naïvement son amour.

— Ma petite femme… déjà tu me rends la vie bien douce !

Il répétait les mots de Marca et cherchait à lire dans ses yeux. Mais la jeune fille, saisie, rougissante, se détournait.

— Tu vois bien que nous nous aimons, chère mignonne ! nous savons tous les deux, n’est-ce pas ? qu’on nous destine l’un à l’autre, et une fois par hasard un mariage arrangé peut être en même temps un mariage d’amour… Nous avons agi jusqu’à présent comme si nous ne comprenions pas ;