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l’amour est une frénésie, un tourbillon, une torture, quelque chose de superbe et d’insensé. Je ne trouve pas l’écho de tout cela en moi…

— Dieu merci ! s’écria Maxime avec une ferveur comique ; je ne voudrais pas voir en vous, petite cousine, une femme volcan !

— C’est que je crains bien que mon idéal de la vie ne soit du dernier bourgeois !

— Voyons votre idéal !…

Et Maxime se rapprocha d’elle.

Marca se sentit rougir.

— C’est difficile à expliquer.

— Vous trouvez ? je vais vous donner le bon exemple. Mon idéal, à moi, c’est d’abord d’avoir beaucoup d’argent… ah ! mais là beaucoup !

— Ce serait difficile à mettre en vers, cela ! fit Marca riant.

— N’est-ce pas ? aussi je me sers de ma prose ordinaire et puisque les poètes vous font peur, je me résigne à ne pas être poète. Poursuivons : Je voudrais m’amuser beaucoup…

— Moi, si j’étais homme, répliqua Marca, devenue tout d’un coup très sérieuse, je voudrais être quelqu’un, faire beaucoup de bien d’une façon ou d’une autre — je voudrais aussi qu’on parlât de moi. Oh ! je serais ambitieux, ambitieux !

— Voyez-vous cela ? Et, comme femme, seriez-vous par hasard ambitieuse ?