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n’était plus seule au jardin, Maxime l’aidait à faire ses bouquets, et ils riaient et bavardaient ensemble. On devait les marier, et ils étaient heureux.

Marca s’était peut-être endormie entre deux sanglots comme un enfant qui a le cœur gros, et, comme cet enfant, elle s’était réveillée, les larmes bien séchées ; un rayon de soleil l’avait fait sourire, et le chagrin était déjà bien oublié !


Il faisait très chaud, et vers la fin de cette même journée, tout le monde était assemblé à l’ombre des grands saules au bord de l’eau. La jeunesse, en costumes de bain fort coquets, se jouait dans la rivière ; ce n’était que cris, rires, éclaboussements d’eau ; on se taquinait tout en nageant. Ivan était assis auprès de Véra, un peu à l’écart ; il était très pâle, mais calmé et tranquille ; il écoutait Véra et lui répondait à voix basse ; l’orage de la nuit avait passé, sans rien laisser qu’un grand étonnement et beaucoup de lassitude ; ce n’avait été qu’un vilain rêve, venu comme tous les rêves, sans raison aucune. Ivan était de nouveau sous le charme. Véra était belle ce jour-là, et très douce ; la chaleur du jour l’alanguissait un peu, ses beaux cheveux frisaient tout autour du front, une petite mèche s’était collée à la tempe un peu moite ; il avait envie de couper cette petite mèche et de la garder toujours sur son cœur.