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mariage ne se fera jamais », se répétaient dans son esprit comme un refrain irritant.

Alors elle se rappela que par elle-même elle n’était rien, qu’elle ne possédait rien, pas même son nom ; elle oubliait cela très souvent, se laissant aller à la joie de vivre, mais de temps en temps la vérité se faisait sentir. Elle était la Cendrillon dont une fée avait changé les haillons en soie et en dentelles, et qui pourrait bien, au coup de minuit, se retrouver pauvre et honteuse ; le prince Charmant ne la reconnaîtrait pas, et tout serait dit. Ses larmes coulèrent sans qu’elle le sut ; elle restait immobile à ce point que deux oiseaux qui se battaient roulèrent à ses pieds, sans s’inquiéter de sa présence. Elle sentait à ce moment, que malgré les défauts de Maxime — et elle ne se cachait plus qu’il avait des défauts — elle l’aimait de toutes ses forces. Si Laure lui avait parlé ainsi, c’est qu’elle se faisait l’écho du sentiment général de la famille : on ne voulait pas d’elle, et elle était trop fière pour songer à s’imposer à qui que ce fût. Cendrillon… Cendrillon… se répétait-elle, et les larmes roulaient de ses yeux.

Le soir venait tout doucement, et Marca ne s’en apercevait pas ; les cris des oiseaux avaient cessé, elle était si bien absorbée qu’elle n’entendait même pas le froissement des feuilles sèches sous