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très artiste elle-même par amour pour son mari, donnait la grâce et le bon ton à ces réunions familières ; deux enfants ravissants venaient se faire embrasser au dessert. Ivan s’en retournait, après chacune de ces soirées intimes, le cœur un peu serré ; son logement de garçon, attenant à son atelier, lui semblait alors insupportablement triste et laid ; il cherchait, dans sa solitude, à sentir encore sous ses lèvres ces joues fraîches d’enfants et à entendre leurs voix et leurs rires. La jeune femme marieuse d’instinct, comme toute femme qui a trouvé le bonheur à son foyer, lui parlait mariage.

— Je suis voué au célibat… répondait-il.

— On dit toujours cela ; puis on change d’idée, heureusement. C’est par un vil sentiment d’égoïsme que je vous parle. Notre maison a besoin d’un pendant : votre femme sera charmante, je le sais d’avance, et nous voisinerons.

— Quelle femme charmante voudrait de moi ? je suis gauche, laid, et quelquefois je me sens si vieux…

Elle ne pouvait en tirer plus.

— Bah ! lui disait son mari, il a quelque liaison, et la chaîne commence à lui peser, ou je ne m’y connais pas. Un peu de patience, et elle se cassera d’elle-même, étant déjà très rouillée.

Le tableau de la serre n’avait pas été touché