Page:Mairet - Marca.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

nouvelles. Véra elle-même le poussait à se faire voir ; son amour-propre était flatté de cette gloire naissante. Ivan avait reçu une première médaille, on parlait pour lui de la décoration.

Bientôt toutes les toiles accumulées dans son atelier, jusqu’à ses moindres esquisses, étaient enlevées à des prix fous. Il était étonné de cette popularité subite ; il en était enchanté aussi : c’était le dédommagement de bien des années de privations ; il ne savait au juste que faire de tant d’or, n’ayant jamais été gâté sous ce rapport. Il lui semblait qu’il avait jusqu’alors vécu dans une demi-obscurité, ne voyant le grand jour qu’à travers une fente dans le mur de sa prison : et maintenant le soleil l’inondait, il aspirait l’air libre à pleins poumons ; il était, comme il l’avait dit à Marca devant son tableau, un peu grisé.

Il fit beaucoup de connaissances pendant ces jolis mois de mai et de juin, et ébaucha quelques amitiés. Dans plusieurs intérieurs charmants d’artistes célèbres, il se vit accueilli avec un véritable plaisir.

La maison où il était le plus intime, celle d’un peintre, étranger comme lui, et très à la mode, lui semblait l’idéal de ce qu’un intérieur d’artiste pouvait être. On y était reçu en ami ; on causait à cœur ouvert autour d’une table excellente ; la maîtresse de maison, jeune et charmante, devenue