— Du reste, ajouta-t-elle, il la considère comme une petite fille ; il pourrait presque être son père.
— Un père un peu jeune, ma chère Véra, répondit Jean, qui poursuivait son idée. Je serais bien surpris s’il avait plus de trente-deux ans, et Marca en a dix-sept.
Véra eut un tremblement presqu’imperceptible de la lèvre ; pour la première fois peut-être, devant la brutalité des chiffres, elle comprit qu’elle était beaucoup plus âgée que son amant.
Jean continua avec une fausse bonhomie :
— Les artistes sont à la mode ; beaucoup de jeunes filles très riches et bien nées ne demandent pas mieux que de prendre le nom d’un homme qui fait beaucoup parler de lui ; et voilà votre protégé en train d’être acclamé comme un génie nouveau… Je vous conseille d’y songer : d’abord, les artistes planent au-dessus des préjugés que nous autres nous sommes forcés de respecter ; et, après tout la naissance de Marca…
— Marca est ma fille d’adoption, cela suffit. Vous savez bien que ce n’est pas M. Nariskine qu’elle doit épouser, mais votre fils Maxime.
Elle dit cela avec une franchise brusque.
— Hé ! hé ! fit le baron de sa voix de fausset, Amélie a des préjugés, elle, beaucoup de préjugés même ; elle tient à avoir une belle-fille bien née…
— Elle veut donc que je me fâche à la fin,