Le petit vicomte, un jeune homme très pâle, très blond, d’assez chétive apparence, se tenait auprès de sa mère ; il regarda furtivement du côté des deux jeunes filles, et murmura :
— Charmante ! charmante ! j’adore le bleu. La baronne Amélie lui lança un regard furieux ; sa fille portait une toilette grise ; c’était Marca qui était habillée de bleu. La mère du jeune homme lui dit quelque chose à l’oreille, et, sans se déconcerter le moins du monde, il continua :
— Charmante idée, nœud bleu ciel sur robe grise. C’est une beauté que mademoiselle votre fille…
Laure avait reçu ses instructions, et le plus naturellement possible, prenant le bras de sa cousine, elle s’avança vers le tableau de M. Nariskine comme pour l’examiner avec plus d’attention ; ce fut devant l’image si vivante de cette pauvre petite, qui elle aussi faisait son métier, que la présentation eut lieu. Laure fut parfaite : Marca ne pouvait s’empêcher d’admirer sa puissance sur elle-même.
Mais tout en admirant, elle se sentit le cœur serré, et d’instinct chercha à s’éloigner.
— Vous êtes triste. Mademoiselle. Je ne vous connaissais pas encore sous cet aspect.
Nariskine qui la guettait depuis quelques instants, lui dit cela d’un ton d’intérêt si vif, que Marca lui en sut gré. En effet, elle se sentait fort