Page:Mairet - Marca.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

portance d’une fille qui allait bientôt se marier, il y avait du côté de Laure, un peu des dispositions malveillantes de sa mère pour Marca. Toutefois la jeunesse a des besoins d’expansion qui renversent toute barrière, et Laure quelquefois se laissait aller à causer avec Marca.

— Qu’as-tu donc à regarder ainsi ce tableau ? Serais-tu éprise du peintre !

— Non, fit Marca, souriant tranquillement.

— Alors, cause, parle-moi, dis n’importe quoi, je ne peux plus rester ainsi, ayant l’air d’attendre…

— Comment d’attendre ?

Et Marca, regardant sa cousine avec un peu d’attention, vit qu’elle était très émue, qu’elle changeait de couleur à chaque instant, que ses mains se taquinaient l’une l’autre.

— C’est pourtant vrai que j’attends ! Ce Salon, ma petite Marca, n’est pas seulement une exposition d’œuvres d’art ; on y exhibe d’autres marchandises, des filles à marier par exemple. On m’exhibe ainsi, tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, depuis trois ans, et je commence à en avoir assez. D’abord cela ne me faisait rien ; je me disais : « C’est l’usage ; le mariage est une nécessité sociale dont on se tire comme l’on peut ; une question d’argent, de convenances, de position mondaine ; je fais comme les autres. » Seulement il y a eu du « tirage » comme