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mande si le tableau, qui faisait bien dans l’atelier, dans la lumière voulue, placé sur un chevalet qui l’isolait, supportera le contact d’autres tableaux, et la lumière souvent désastreuse du Salon ; s’il ne sera pas perdu dans la foule. Cette épreuve est, pour une œuvre d’art, ce que le feu de la rampe est pour une pièce de théâtre : il est impossible de savoir à l’avance quel en sera le sort. L’épreuve, pour le tableau d’Ivan, était faite ; il n’y avait plus à douter. Véra ne s’était pas trompée, c’était l’œuvre de « son peintre » qui était le grand succès du Salon. Ivan devenait célèbre, son talent recevrait bien certainement la consécration du suffrage parisien. Il avait hâte de mettre son triomphe aux pieds de Véra ; il oubliait presque sa prudence, il aurait voulu crier tout haut qu’il aimait cette femme et que cette femme l’aimait.

Bientôt il y eut foule dans la salle N. Véra recevait comme si elle avait été chez elle ; depuis son retour elle avait renoué connaissance avec beaucoup de grands personnages, et beaucoup d’autres grands personnages lui avaient été présentés : on dînait si bien chez elle !

Elle écoutait les compliments avec son sourire un peu énigmatique : elle présentait Ivan à tout le monde, et savourait pleinement son triomphe ; elle trouvait que le succès lui seyait : il était bien à l’aise, très franchement heureux, et un regard