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l’heure, je ne saurais le faire ; puis je ne vois pas maman posant en bonnet de toile, un tricot à la main.

— Vous tournez tout en ridicule, Maxime ; c’est vraiment trop facile. Tout le monde ne peut pas être artiste, certes, mais il y a d’autres carrières qui ne sont pas à dédaigner.

— Vous voudriez me voir aligner des chiffres comme mon père ? Sachez que je n’arrive jamais à faire une addition sans erreur.

— Vous vous entendez mieux à la soustraction.

— Méchante ! Songez donc, ma mignonne cousine, que ma vie n’est pas sans but ; je travaille très fort — en ce moment même… à vous convaincre ; je lutte, moi aussi, et moi aussi j’espère vaincre…

Sa voix prenait des tons caressants, même quand ses paroles ne voulaient pas dire grand’chose, et Marca ne demandait qu’à se laisser persuader ; mais elle ne répondit pas.

On se trouvait enfin dans la salle N. Au centre du grand panneau, le tableau d’Ivan Nariskine occupait la meilleure place. L’artiste attendait Véra avec impatience ; il rayonnait ; comme il était connu de fort peu de personnes, il ne craignait pas d’être importuné. Il était pleinement heureux ; tout artiste connaît ce moment d’angoisse où il se de-