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avec la vie avait bien tourné ; peut-être un fils élevé à grand’peine, lui faisait-il honneur : en somme un beau portrait racontant une histoire.

— Il est très fort ce garçon-là…

— Qui est-ce ?

— Un nouveau : il n’est pas prix de Rome, ça se voit du reste…

Les observations se croisaient ; Marca ne voyait pas bien le tableau, mais elle se trouvait à côté d’un jeune homme qui, lui non plus, ne regardait pas le tableau ; ses yeux étaient fixés sur une toute jeune femme, dont il avait pris la main, en cachette.

— Tu vois, c’est un grand succès. J’en étais sûre : du reste, tu as travaillé si fort…

Elle murmurait cela très-bas ; Marca l’entendait tout de même.

— Je travaillais pour toi, ma petite femme adorée ; nous ne serons plus si pauvres maintenant… et que la maman sera contente ! Dire que c’est son portrait qui va me faire connaître…

Ils oubliaient la foule, ils étaient bien seuls, lui et elle ; il la trouvait sans doute très jolie avec sa petite robe en étoffe noire, son chapeau démodé, qu’elle s’était fabriqué elle-même.

Il devait faire bon s’aimer ainsi, être pauvres ensemble, rêver ensemble de gloire à venir, trouver les privations faciles à supporter, puisqu’on les supportait à deux. Marca devint très