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MARCA




CHAPITRE I

La baronne Véra, — on l’appelait ainsi pour la distinguer de sa belle-sœur, l’autre baronne de Schneefeld — faisait sa promenade habituelle du matin, dans une allée latérale du bois de Boulogne. Le temps était froid, un temps de novembre ; les dernières feuilles, jaunes et ternes, tombaient avec un petit bruit sec aux pieds de la jeune femme, et elle se faisait un plaisir de les entendre craquer sous ses pas. Un vague sourire qui lui était si habituel que, même seule, il ne la quittait pas souvent, errait sur ses lèvres ; ce qui n’empêchait pas son front de se plisser. Elle songeait à une phrase de sa belle-sœur, entendue par hasard : « L’aventurière !… Au moins elle n’aura pas d’enfants, elle ! » Et elle revoyait la grosse baronne montrant