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que je n’ai pas lu les « Oraisons funèbres » avec assez de soin ; me permettez-vous de reprendre le volume et de le garder encore quelque temps ?

C’était une chose toute simple à demander, mais il rougissait comme un écolier pris en faute.

— Mais certainement, certainement !

Marca lui rendit le livre, un peu étonnée de son trouble, puis pensa à autre chose. Madame Langlois, qui avait plus d’expérience des choses de la vie, se dit qu’elle ne reverrait plus ses « Oraisons funèbres ». — Pauvre garçon ! pensa-t-elle.

Quand il fut parti, madame Langlois expliqua à Marca comment elle avait fait connaissance avec l’ouvrier, qui demeurait à l’étage supérieur. Un jour, l’ayant trouvée à moitié évanouie à sa porte qu’elle n’avait pas eu la force d’ouvrir, il l’avait soignée comme un fils aurait pu soigner sa mère. Depuis ce jour ils étaient les meilleurs amis du monde ; il avait déjà une instruction faite de pièces et de morceaux, et lui était très reconnaissant des efforts qu’elle faisait pour achever son éducation.

La fin de l’après-midi arriva trop vite ; Marca se sentait meilleure, moins frivole, auprès de cette femme qui savait souffrir avec tant de dignité simple.

Il fallut s’en aller pourtant, quand Julie, toujours respectueusement dédaigneuse, vint la chercher.