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pour rompre un silence qui devenait gênant, m’apportez-vous la fin de votre travail ? Voici la première partie, corrigée ; voyez, je mets des observations en marge ; ce qui vous manque le plus jusqu’à présent, c’est la simplicité ; vous voulez trop bien faire. On tient mal une plume quand on s’est ganté pour la tenir.

Pendant que madame Langlois causait avec son dernier élève, le questionnant sur ses lectures et lui disant quelques mots bien précis, bien nets, sur les livres qu’elle lui destinait, Marca s’amusait à feuilleter le volume que le jeune homme venait de rapporter : les « Oraisons funèbres » de Bossuet.

— Mais c’est le livre que j’ai gardé si longtemps dans mon pupitre ; vous en souvenez-vous, chère madame ? J’étais une élève bien moins digne de vos soins que monsieur Pierre, je n’aimais que les romans… Tenez, voilà encore le petit bout de ruban rouge qui servait à marquer où je m’étais arrêtée en lisant ; je ne le dérangeais pas souvent.

Pierre n’écoutait presque plus madame Langlois ; il regardait la jeune fille et le livre qu’elle tenait entre les mains. Enfin il lui fallut bien prendre congé, son travail le réclamait ; il était déjà sur le palier quand il se ravisa. Revenant sur ses pas, il dit :

— Pardonnez-moi, Madame, mais il me semble