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de plus, sans qu’elle s’en rendît bien compte, cette histoire navrante sonnait comme une note discordante au milieu de l’harmonieux épanouissement de sa jeunesse heureuse ; elle aurait voulu voir le bonheur partout, d’abord parce que le cœur chez elle était bon, et puis aussi parce que le chagrin d’autrui lui donnait comme un remords de sa joyeuse insouciance. Tout cela, elle ne le sentait que très vaguement, et les caresses qu’elle prodiguait à madame Langlois n’en étaient pas moins tendres ; enfin elle dit :

— Mais vous avez des amis, de la famille : on ne laisse pas ainsi seule une personne qu’on aime.

— Comme famille, j’avais — un fils ; je ne l’ai plus. Mes amis étaient des connaissances ; il y a des amitiés qui ont besoin d’être habillées de soie. Mes élèves étaient presque toutes, vous le savez, des étrangères qui sont dispersées un peu partout ; elles m’écrivent quelquefois ; cela durera quelques mois encore, et tout sera fini. Vous me restez, ma petite Marca, parce que votre enfance était sans affections, et que vous vous êtes attachée à moi — faute de mieux. Et encore… croyez-vous, mon enfant, que je ne devine pas pourquoi vous n’êtes pas venue me voir plus tôt ? Je connais votre marraine mieux que vous, quoique je ne l’aie vue qu’une fois ; elle vous a donné la permission de