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jouant avec la petite Fée, il suivait des yeux les mouvements du jeune homme qui s’était jeté sur un coussin aux pieds de la baronne ; les éclats de sa voix venaient le troubler. Enfin il ne se contint plus. Fée s’était glissée de ses bras pour aller chercher des bonbons que Marca lui faisait voir, et il se leva sans qu’on y fît grande attention. Au moment où il approcha, Véra passait un papier cassant et bleuâtre à son neveu, qui le prenait comme Fée prenait les bonbons. Alors, lui aussi, ayant obtenu ce qu’il désirait, céda la place. Ivan s’assit auprès de son amie ; il était très sombre. Véra ne semblait plus la même ; le sourire moqueur avait disparu, elle semblait lasse.

— C’est bien écœurant, fit-elle à demi-voix, mais c’est assez drôle tout de même.

— On dirait que vous avez juré d’avilir tout ce monde, de le rendre plus méprisable qu’il ne le serait autrement. Pourquoi donnez-vous de l’argent à ce jeune imbécile ?

— Pour qu’il le mange avec des filles — ça l’amuse.

— Et c’est cet homme que vous destinez à Marca ?

— Je ne le destine à personne ; si Marca peut l’aimer, c’est qu’elle n’est pas digne d’aimer un homme supérieur. Après tout elle pourrait plus mal tomber ; il est léger, mais le cœur n’est pas mauvais.