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couvrit un beau jour qu’il avait fait des dettes ; elle paya comptant, se drapa dans son héroïsme, et garda la clef de la caisse. On n’entendit plus parler des coups de canif ; le comte était maté. C’était un mari modèle ; il promenait ses filles, faisait des visites avec sa femme, suçait sa canne, et ne s’émancipait que fort rarement. Madame de Vignon avait procédé comme les grands capitaines devant les places fortes ; elle avait coupé les vivres, affamé l’ennemi, et enfin elle n’avait accepté qu’une capitulation sans conditions.

On se dispersa un peu en faisant le tour du jardin d’hiver, que madame de Vignon remplissait de son caquetage. Le baron Jean et sa femme étaient venus se joindre au reste de la famille ; on était assez nombreux et tout naturellement les groupes s’éparpillaient.

Il arrivait souvent dans ces occasions que Maxime et Marca s’isolaient un peu des autres. Le jeune homme, tout en se disant qu’il n’était pas amoureux de cette « petite fille », ne s’ennuyait nullement auprès d’elle. Marca cachait mal ce qu’elle ressentait. Il lui semblait naturel d’aimer Maxime, qui était beau, jeune, qui certes semblait avoir été mis là par une providence attentive, tout juste pour devenir son mari ; d’autres le pensaient comme elle et sa marraine leur ménageait des petits tête à tête, leur souriait d’un sourire moitié