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XVII
INTRODUCTION

peu d’expérience et de capacité ne me permet pas d’en avancer davantage advant qu’il ait passé à l’examen des habiles gens qui voudront nous obliger d’en prendre la peine : après quoy si l’on juge que la chose mérite d’estre continuée, nous essayrons de la pousser jusques où Dieu nous donnera la force de la conduire[1]. » Il a dû certainement reprendre ce travail et des notes assez développées se trouvaient au milieu des papiers qu’Etienne Périer, neveu de Pascal a communiqués à Leibnitz en 1672 ou 1673, et qui lui ont servi d’éléments à de remarquables découvertes mathématiques. Dans une lettre datée de 1673, Leibnitz, écrivant à Etienne Périer, lui fait part de l’importance des papiers qu’il a examinés, il lui indique leur classement judicieux, et l’engage vivement à les publier bientôt. L’Hexagramme mystique figurait au nombre de ces pièces, ainsi que « de loco solido », « de tactionibus conicis » qui se trouvaient cités parmi les mémoires annoncés à l’Académie parisienne. Leibnitz termine ainsi sa lettre : « Je conclus que cet ouvrage est en état d’être imprimé ; et il ne faut pas demander s’il le mérite ; je crois même qu’il est bon de ne pas tarder davantage, parce que je vois paraître des traités qui ont quelque rapport à ce qui est dans une partie de celui-ci : c’est pourquoi je crois qu’il est bon de le donner au plus tôt, avant qu’il perde la grâce de la nouveauté… »

Il est regrettable de constater que les conseils du philosophe allemand n’aient pas été suivis ; ces papiers sont aujourd’hui totalement perdus, probablement détruits par la famille Périer, comme elle a fait pour l’ensemble des papiers de Pascal qui étaient en sa possession.

Cependant, du vivant de Pascal, les travaux sur les sections coniques, qu’il a pu montrer à quelques amis de son père, excitaient l’admiration des mathématiciens, puisque le P. Mersenne, écrivant à Constantyn Huygens, père de Christiaan, le 17 mars 1648, s’exprime ainsi : « Si vostre Archimède vient avec vous, nous luy ferons voir l’un des plus beaux traitez de géométrie qu’il ayt jamais vu, qui vient d’estre achevé par le jeune Paschal. C’est la solution du lieu de Pappus ad 3 et 4 lineas qu’on prétend icy n’avoir pas esté résolu par M. des Cartes en toute son estendue. Il a fallu des lignes rouges, vertes et noires, etc. pour distinguer la grande multitude de considérations ?.. »

Les autres travaux de géométrie et de mathématique ont paru, indépendamment des lettres dont il sera question, dans les deux traités suivants : « Traité du Triangle arithmétique y> et « Traité des ordres numériques » qui sont groupés dans une plaquette formant un ensemble de 64 pages, mais où chacun porte une pagination séparée ; le premier de 16 et le second de 48 pages. Comme on le sait, cette brochure fut publiée en 1665 à l’insu de la famille Pascal.

  1. Pascal. — Œuvres, édit. Brunschvicg, t. I, p. 259-260.