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n’avaient encore produit sur moi un pareil effet.

Par la route large et bonne, sous les grands arbres touffus, telle que je la vis jadis, nous avons roulé une heure durant. Puis nous avons atteint la pagode célèbre. J’ai revu les portiques de granit où s’étagent, en interminables frises, les sculptures compliquées, sensuelles et puissantes, sous les lourdes corniches curvilignes caractéristiques des monuments dravidiens. Du haut en bas des parois, c’est un fourmillement de dieux, d’animaux qui luttent, se dévorent, s’enlacent. Les chevaux de pierre se cabrent au-dessus de nos têtes, leurs cavaliers transpercent des tigres, les hampes des lances ploient sous l’effort. Les déesses brandissent des fleurs, des émouchoirs, des armes. Leurs gorges lourdes se dressent, pointent, semblent palpiter à la lueur indécise des lampes. Toute la façade du temple s’éclaire par instants, quand on attise les pots à feu. Puis elle rentre dans la nuit où brille seule, pareille à une étoile, quelque lampe posée sur le bord d’une fenêtre, tout en haut du gopura.

Mais avant que d’entrer sous le porche principal, il nous faut fendre la foule pressée des fidèles presque nus qui s’écrasent devant les