dans les branches d’un Mesua géant, des mâles de paradisiers croassaient à gorge déployée, dansant, étalant les gerbes jaunes issues de leurs flancs, et les loris bariolés se querellaient dans les lianes.
Certes, ces modestes bois de Ceylan ne me fournissent point aujourd’hui de pareils spectacles. Mais vous me pardonnerez ces souvenirs qui m’assaillent, après vingt-cinq ans, et cela à propos de sangsues. Les buveuses de sang trouvent une proie facile dans le naturaliste qui travaille le plus souvent à genoux, penché sur la terre, débitant au couteau les vieux troncs pourris dont la tannée abrite tout un monde d’êtres fourchus, cornus, armés de scies, de vrilles, de tenailles. L’outil pacifique est souvent remplacé chez ces créatures par l’arme venimeuse. Beaucoup d’entre elles ne se contentent pas d’avoir l’aspect redoutable de cette thélyphone dont la région céphalique porte des bras épineux et dont l’abdomen se prolonge en soie déliée. Les scorpions et les scolopendres sont toujours prêts à accueillir la main imprudente par un coup de leurs cisailles empoisonnées ou une bonne piqûre de leur dard venimeux. Ces articulés malfaisants trouvent dans