Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rant la mort par le feu au déshonneur d’une telle mésalliance. Ils périrent jusqu’au dernier à l’exception de la belle Kanni qui se mit à danser, tout comme une salamandre, au milieu des flammes, et s’envola vers le ciel, laissant l’injurieux Gandarva avec le seul regret de sa vengeance inutile.

Ainsi, mes amis les brahmes de Villenour me racontent la légende de Kanni, en me passant au cou des guirlandes blanches et roses. Ils consentent, à cause de l’importance du lieu, à desservir la pagode de Virapatnam. Et c’est là une exception à la règle qui veut que Mariammin ait pour officiants des Poussaris de basse caste.

Cependant les pèlerins continuent d’affluer. Ils vont, viennent, apportant des ex-voto ou des offrandes propitiatoires : gâteaux, figurines de bois ou d’argile. Celles-ci attestent la guérison d’un enfant. L’entrée de l’enceinte, où les fidèles se baignent pêle-mêle dans l’étang vaseux, est encombrée par la foule des misérables qui semblent chargés de représenter les misères de la terre. Partout s’étalent les difformités les plus affreuses. Tous les cancéreux, les lépreux, les mutilés, les estropiés de l’Inde