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longtemps que je connais l’endroit aux Scarites. Depuis vingt ans il n’a pas sensiblement changé. C’est toujours la même lande désolée, grisâtre, coupée de ruisseaux aujourd’hui taris, et qu’ombragent parcimonieusement quelques arbres au feuillage maigre et roussi. Les ossements en cendres se mêlent à des débris de charbon dans les monticules de poudre. Car Sakkili Top est l’emplacement où les Hindous de Pondichéry ont coutume de brûler leurs morts.

Les obsèques, dans l’Inde ne sont point accompagnées avec cette grave et lente majesté qui nous paraît, en Occident, inséparable de toute cérémonie funéraire. Aux sons des trompettes, des clochettes et des tambourins, l’on porte, à bras d’hommes, le défunt vers le bûcher où sa dépouille se consumera en plein vent. J’ai vu souvent passer des cortèges funèbres. La première fois j’ai cru assister à une réjouissance champêtre. Les appels de la grande trompe liturgique éveillaient de loin mon attention. Bientôt j’apercevais le gros des parents et des amis marchant en désordre et d’une allure rapide, devançant, flanquant, suivant le brancard porté par six hommes. Sur ce brancard était couchée une jeune femme qui disparaissait sous