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saraignes (Crocidura murina et cærulea). Les gracieux insectivores au nez pointu, à la fourrure veloutée, trottinent sur le sol et poussent des cris lamentables, comme s’ils se désolaient devant l’immensité de l’espace découvert qu’ils traversent. Souvent, prise de désespoir, une de ces musaraignes s’arrête brusquement sous le fauteuil où je lis. Et sa voix plaintive semble me prendre à témoin du danger où elle se trouve. Puis elle repart, et quand je l’ai perdue de vue, j’entends le bruit de ses mâchoires qui broient les téguments cornés des insectes.

De ceux-ci la compagnie m’est fidèle tant que ma lampe est allumée. Des vols de termites s’abattent sur ma table.

Les longues ailes transparentes ne tardent pas à couvrir mes papiers, et les termites, devenus aptères, par un phénomène autotomique dont aucune patience n’a encore pu saisir le secret, courent çà et là. Des petits scarabées, des noctuelles, des bombyx bourdonnent. S’ils s’élèvent jusqu’au plafond, ils trouvent à qui parler. Rasant les poutres, des chauves-souris glapissantes (Taphozous melanopogon Temm.) doublent la pièce de leur vol en zigzag, entrent par une porte pour sortir par une fenêtre.