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sans lune, elle traverse la cour et se glisse sous la porte charretière qui donne sur une place déserte. Le mâle, la femelle, quatre petits progressant à la file, se suivent de si près qu’on croirait voir un seul animal à cent pieds courir sur le sol dont il a la couleur. L’apparition fantastique a la durée de l’éclair.

Dans ma chambre même, des crapauds sautillent lourdement, et certains sont larges comme une soucoupe, ronds comme un ballon, surtout quand je les retrouve entassés, la panse pleine, tous, dans le même coin. C’est là que ces batraciens, dont la réunion simule une masse innommable, digèrent, jusqu’à l’heure du balayage, les insectes dont ils se sont gorgés, et luttent, par leur humidité commune contre la sécheresse. Des grillons livides se hâtent sur la natte qui recouvre le carreau. Ils courent, bondissent, se glissent derrière les caisses et stridulent sur le mode aigu. Ils pénètrent dans les armoires les mieux closes et s’occupent en compagnie de jeunes cancrelats roux grivelés de jaune, et de lépismes brillant ainsi que des globules de mercure, à ronger l’empois du linge et l’encollage des papiers. Tous ces orthoptères sont les victimes habituelles de deux mu-