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ler, à se happer la queue à la course. Leur plus grande préoccupation est de garder le haut de la crête du mur après en avoir précipité leurs rivaux. Le vainqueur file alors rapidement parmi les végétations parasites et pousse des glapissements qui s’entendent à plus de cent mètres, bien qu’ils sortent d’un rongeur exigu qui égale à peine un rat noir pour la taille.

Mais notre écureuil voit parfois se dresser devant lui un autre amateur de murs, qui soufflant, sifflant, déployant sa crête, gonflant les plis de son cou, donne en un mot l’aspect le plus formidable à sa modeste nature. Celui-là est un agame, une sorte de lézard (Calotes versicolor Daud.) qui atteint quarante centimètres de long. Malgré sa longueur, le saurien se présente peu redoutable, d’autant qu’il est tout en queue. Brun jaunâtre, avec des taches et des bandes brunes, il se confond merveilleusement avec la lèpre végétale qui couvre les tuiles. Aplati, en embuscade, dans son coin, il guette les mouches, les papillons, et les gobe quand leur mauvaise fortune les place à sa portée. En les avalant, il ferme ses yeux avec une mine recueillie et voluptueuse. Pour pacifique que soit ce Calotes, il n’aime point qu’on le trouble dans