Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui s’ouvrent pour affirmer l’offre et retombent pour annoncer l’abandon, ses lèvres qui murmurent des promesses calculées, sont bien ceux de ces filles de Mara qui entourent de leurs pièges les Vanaprastas, ascètes réputés du désert.

La voici qui s’en prend à moi, et un dialogue s’établit entre nous, — à cela près toutefois que je joue un personnage muet, condamné par l’étiquette à demeurer impassible. La tentation de saint Antoine ne fut rien, en vérité, je vous le dis en confidence, au prix de l’assaut que je subis en cette soirée. Cet assaut fut heureusement bref, et ma victoire sur cette beauté artificieuse fut petite. Continuant de jouer son rôle avec le plus parfait naturel, la bayadère de Tanjore, outrée de mon indifférence, se retira avec plus de mépris que de dépit. Son poing fermé en signe de menace s’ouvrit pour me gratifier d’un baiser d’adieu. Puis elle s’arrêta comme pour m’attendre. Sur son visage à l’expression fausse et cruelle se reflétaient en cet instant toutes les morbides passions de l’Asie. Enfin, haussant les épaules, frappant du pied pour exprimer son dégoût, elle détourne sa tête caparaçonnée d’or, de fleurs et de