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Après des saluts et des baisers, envoyés du bout de ses doigts ruisselants de pierreries, la bayadère débite un compliment monotone, tout en marchant sur ses pointes. Et elle le débite de telle sorte que chacun de nous peut se le croire particulièrement destiné. Puis sa mimique s’anime, sa figure s’éclaire, ses yeux démesurément ouverts, agrandis par le kohl, lumineux, superbes, ne semblent plus rien voir devant eux que le ciel qui s’ouvrirait pour livrer passage à un Dieu. C’est le Dieu même qu’elle voit, qu’elle admire, qu’elle implore, en tendant les bras. Le délire amoureux qui l’entraîne s’exprime par sa danse grave, molle et discrètement sensuelle. À mesure que l’ardeur la gagne, elle s’avance par bonds plus légers, puis elle recule, offrant sa poitrine en fleur, et ses bras étendus palpitent comme des ailes d’oiseau. Leurs imperceptibles battements règlent ses mouvements. Elle bondit avec une telle souplesse qu’on croirait qu’elle va s’envoler, l’on s’étonne que sur ses épaules, au modelé pur et moelleux, ne soient point greffées des ailes.

Dans cette fuite en arrière, l’air s’engouffrant dans la retombée des pagnes les fait s’épanouir ainsi qu’un éventail qui s’ouvre. Et quand la