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qu’il soit encore vivant, ce petit Adieux basané, au nez chaussé de lunettes d’argent, que l’on nous montrait, il y a vingt ans, dans les rues de Pondichéry, comme un personnage légendaire. Gravement, il s’avançait à pas comptés, s’appuyant sur cette haute canne à grosse pomme d’or, léguée par son arrière-grand-père Ramalinga. Et l’histoire de cette canne est tellement glorieuse que personne ne s’avisait de trouver le vieux Sandirapoullé ridicule, malgré son turban dressé en façon de tour et son extraordinaire jupon plissé, en mousseline blanche, qui par son épanouissement nuageux rappelait un gigantesque tutu de danseuse.

Sandirapoullé est bien vivant ; à telles enseignes qu’il m’adresse une invitation pour ce soir. Il donne une grande soirée où dansera, devant un public choisi, la plus renommée des bayadères de Tanjore. Sandirapoullé, vu son grand âge, — il a dépassé quatre-vingts ans et est aux trois quarts aveugle, — s’excuse, par l’organe de ses fils, de ne pas venir en personne. Les deux fils sont là, qui attendent. Comment ne point les recevoir ! L’un se nomme Tandon Sandira Souprayapoullé ; l’autre Tandon Sandira Ramalingapoullé. Tous deux exercent la