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demi de son avoir à l’établissement de notre domination.

Aussi bien est-il, sinon impossible, du moins fort difficile de juger un homme d’aussi grande espèce, avec nos scrupules modernes et notre esprit d’ordre, méticuleux et tracassier, bureaucratique, qui rend impossible toute entreprise aventureuse. Quand bien même il devrait y avoir au bout un avantage majeur pour la patrie, la société ne permet plus à l’activité individuelle de se développer sans son concours, sans son contrôle, pour mieux dire. Elle condamne l’homme indépendant à voler avec des ailes de plomb. Et c’est là un des grands malheurs de notre temps. L’esprit d’examen, toujours timoré, envieux et médiocre, a tué l’action. La collectivité prétend dicter partout sa loi à l’individu ; capable tout au plus d’exercer une surveillance, elle est impropre à l’action par laquelle seule on devient grand en ce monde. Primum vivere, deinde philosophari ! — De tous temps l’Inde a philosophé avec ses dieux et ses brahmes ; de tous temps elle a subi le joug de maîtres sans frein. Ayant préféré le livre à l’arme, l’idée au fait, elle s’est laissé dicter la loi par l’épée.