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gneusement baissés. J’appris, par la suite, que c’étaient les femmes d’un nabab du Béhar qui revenaient avec leur seigneur et maître d’un voyage à Bombay.

Pour les dames de la famille Naranyassamy, la consigne était certainement moins sévère. Mais, si je ne pus les voir à l’entière satisfaction de mes yeux, du moins eus-je la vue pleine et entière des deux bayadères qui firent leur apparition au plus beau moment de la fête. On venait de procéder à l’Omam, c’est-à-dire à l’effusion du beurre dans le feu sacré, et à l’Anoumdadipoudja, en l’honneur de cette Anoum Poudja Dadi, épouse légendaire du pénitent Vasichetay, femme célèbre entre toutes pour sa charité et qui mérita de prendre rang parmi les petites étoiles voisines de la Grande Ourse, tant monta haut vers le ciel le parfum de ses vertus. C’est alors que les bayadères firent leur entrée. Elles ne menaient point pour danser, mais pour assister l’épousée dans des rites spéciaux que seules ces prêtresses de l’amour ont la fonction d’accomplir. Sans honte, elles se glissèrent parmi les hommes et demeurèrent assises au milieu d’eux, sur les gradins, une jambe repliée en tailleur, l’autre