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marchent, puis regagnent leurs sièges. La mariée, les yeux toujours clos, se laisse conduire par sa parente. Voici que le mari passe autour du cou de sa femme le taly, corde tressée d’or et d’argent. Cette partie de la cérémonie est, de toutes, la plus importante. On la nomme Mangalyadaranam, et son accomplissement rend l’union indissoluble. Le taly au cou d’une femme indique qu’elle est mariée, qu’elle appartient à son époux, et cela pour toujours, car une veuve ne peut jamais contracter un second mariage. Aussi, dans les basses castes, où l’on supprime, par économie, la plupart des rites, le Mangalyadaranam demeure-t-il la seule formalité que l’on ne puisse se dispenser de remplir.

Le taly est un vieux signe de servitude. Aussi bien la femme que je vois s’incliner a la mine d’une captive. Elle va lourdement, exagère son allure pesante, entravée d’or, les bras toujours collés au corps, les mains ramenées horizontalement en avant, les paupières baissées, comme si elle voulait mieux prouver son obéissance aveugle et son complet abandon. Penchée en avant, molle, résignée, timide, elle s’avance dans une démarche de somnambule. Le mari observe une pareille réserve. Ses pas