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avec les cendres, et traversent trois fois le tapis ardent, plus ou moins vite, selon le degré de leur zèle. Si l’on tient compte des quatorze mètres que mesure cette traînée de feu, on ne peut s’empêcher d’admirer ceux qui s’acquittent d’un pareil devoir. Certains, parmi les plus fervents, s’avancent, portant leurs enfants entre les bras. Ainsi les Hindous répètent-ils à l’envi le passage de Draupadi à travers le feu. Chaque année, la sainte femme s’astreignait à cette cérémonie purificatrice avant que de s’unir à son nouvel époux, l’un de ses cinq beaux-frères.

C’est un lieu commun de dire combien les Hindous chérissent dans le faste tout ce qui parle spécialement aux yeux. Pareils, en cela, à nos ancêtres des anciens régimes, ils se ruinent d’un cœur léger, pour paraître. Chacun, suivant sa condition, atteint à l’impossible, sans se soucier de s’endetter pour longtemps. L’appareil féerique des fêtes de la nuit ne fait que continuer les prodigalités du jour. Notre voiture roulait sur les jonchées de feuilles fraîches qui cachaient la chaussée de la rue, et nous étions encore loin de la maison nuptiale. De celle-ci la façade disparaissait sous les guirlandes de fleurs et de fruits. Fendant la foule épaisse,