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mesure que les eaux ont diminué, l’égalité qui avoit été jusques-là entre les deux parties du globe s’est affoiblie. Alors par la diminution de ses eaux le Pole méridional a perdu le poids, qui s’est conservé dans le septentrional, parce que les mers du Nord renfermoient des montagnes prêtes à paroître, dont le poids subsiste. Ainsi s’est faite dans les Poles de la Terre cette variation relative à la position du Soleil & à l’état du Firmament de l’étendue de vingt-trois dégrés ; variation qui tient le Pole Arctique toujours plus bas d’autant, que le côté opposé qui produit l’inégalité des jours & la vicissitude des saisons, que l’on remarque dans les diverses parties du globe. Aussi peut-on assûrer que si les hommes étoient assez nombreux & assez forts, ou assez persévérans pour vouloir transporter des parties du Nord des pierres & des terres en assez grande quantité dans les mers méridionales, il n’y a point de doute qu’ils ne vinssent à bout de rétablir l’équilibre qui s’est perdu, réformer la situation du globe, & changer la disposition de la nature.