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rai point ce que je vous ait dit de l’opinion d’un Déluge universel : l’Auteur n’eût pas dû recourir à un fait de cette nature pour l’explication de l’état actuel de nos montagnes. Mais il faut reconnoître la vérité d’une réflexion qu’il fait lui même dans son Traité, lorsqu’il dit : Nous sommes pour l’ordinaire prévenus de faux préjugés desquels il est bien difficile de se défaire, & qui, quoique faux, sont à cause de notre naissance devenus comme naturels en nous.

Dissertation de Scilla sur le même sujet.

Scilla, surnommé le sans couleur, Peintre Italien de l’Académie Royale de Peinture établie à Messine, appellée la Fucina, allant un jour de Regio à une terre nommée Musorrina dans la Calabre, trouva dans un lieu où l’on ne pouvoit arriver de la plaine qu’après avoir monté plus de deux heures, une montagne entière de coquillages pétrifiés, sans qu’il s’en rencontrât aucun aux environs. A cette vue il fut si frappé d’étonnement, qu’il prit la résolution de s’appliquer à la lecture des Auteurs anciens & modernes, pour sçavoir ce qu’ils avoient pensé de