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& vous n’ignorez pas que pour preuve de l’un & de l’autre ils alléguoient ce qui arrive encore aujourd’hui en leur pays, lorsque dans ses accroissemens le Nil vient à se répandre dans leurs campagnes. Ils soutenoient que la multitude de rats qui passent alors tout à coup sur les terreins plus élevés, étoit une production nouvelle de ces insectes dûe aux eaux de ce fleuve, & que les premiers hommes avoient été produits chez eux en la même maniere. Cependant ceux d’entr’eux qui avoient quelques lumières, sçavoient comme vous & moi qui sommes à portée de nous en instruire, que ces rats ne sont point engendrés par le Nil ; mais que chassés alors par les eaux de ce fleuve des trous & des crevasses de la terre où ils se retiroient, cette apparition subite a donné lieu à cette fausse opinion. Du reste il est évident que la production de quelque animal que ce soit, engendré de la terre, est non-seulement sans exemple, mais même impossible. Cependant comme les Egyptiens se prévaloient de cet accident fort naturel pour fonder l’antiquité de leur